Après une année 2019 placée sous le signe de la réforme de la formation professionnelle, deux enquêtes font le point sur le rôle de la formation professionnelle pour les salariés et les entreprises.
Dans son enquête mondiale, Linkedin a interrogé plus de 1600 responsables formation et responsable RH, 2000 apprenants et 2932 managers pour nous livrer les tendances mondiales de la formation professionnelle et ceci auprès d’entreprises de plus de 200 salariés.
De son côté TopFormation se consacre au territoire national et a recueilli les retours de 200 entreprises de tous les secteurs et de toutes tailles.
Cette double perspective met en lumière des préoccupations communes aux deux populations interrogées, des tendances générales du domaine de la formation et un focus sur nos particularités françaises.
Entre temps, la crise sanitaire que nous traversons, aura certainement pour conséquence d’accélérer les modèles émergents de formation et de promouvoir une offre de formation plus digitalisée.
Nous vous proposons de faire le point sur les thématiques marquantes abordées par les deux enquêtes :
Perception de la formation professionnelle en entreprise et évolution des budgets de formation
Si au niveau mondial, les cadres supérieurs ont conscience de la valeur ajoutée de la formation et que les difficultés budgétaires ont diminué, on note qu’en France, 27% des personnes interrogées pensent que « la stratégie de l’entreprise ou le management n’accorde pas assez d’importance aux initiatives RH et 37% disent ne « disposer que d’un budget limité ».
Si la situation semble être perçue plus positivement au niveau international, elle est principalement due à une hausse des budgets pour la formation en ligne au détriment des budgets en présentiel.
La formation digitale s’impose
Tendance de fond, les différents formats digitaux de la formation professionnelle sont de plus en plus employés par les entreprises. En effet, cette tendance fait écho au manque de temps pour former les salariés et au besoin d’optimiser les budgets formation.
L’enquête de TopFormation, nous révèle que la moitié des entreprises de disposent que de moins de 600 € par salarié et par an pour la formation.
C’est en cela que les nombreux formats digitaux de formation peuvent être des alliés précieux pour les entreprises, notamment en permettant une plus grande implication des participants et une personnalisation accrue du contenu : classes virtuelles, Mooc, SPOC, mobile learning, social learning, blended learning.
Si en France, la formation intra reste le modèle privilégié pour 62% des personnes interrogées, le e-learning prend désormais la deuxième place pour 41% des responsables formation. Cette tendance est confirmée au niveau international avec 57% des responsables formations qui indiquent qu’ils consacrent plus de temps à la mise en place de solutions de digital learning.
La recherche du ROI
Problématique partagée à l’international comme au national, la mesure de l’impact des formations suivies est la priorité des responsables de formation. Cette recherche est devenue prioritaire pour les personnes interrogées par Linkedin. Lors de l’enquête précédente, l’identification et l’évaluation des compétences était en tête de liste.
Pour les responsables de formation sollicités par TopFormation, les solutions d’évaluation sont les suivantes :
61 % : retour d’expérience des salariés
45 % : retour d’expériences des managers
33% : des outils d’évaluation
15 % : aucune évaluation n’est mise en place
6% : réduction du taux de rotation du personnel
3% : augmentation des promotions internes
Le point de vue des salariés
Au niveau mondial, les salariés ont bien conscience que la formation est un levier de développement pour leurs carrières, mais le manque de temps est le principal frein au recours à la formation.
L’expérience souhaitée par les salariés se porte sur des formation sociales et collaboratives pour échanger avec leurs pairs et rechercher des recommandations personnalisées en fonction de leurs compétences ou objectifs professionnels.
Idem pour la France, où le manque de temps pousse les salariés à opter pour des formations courtes. Les salariés bénéficient en moyenne de deux journées de formation par an.
La prise en compte du manque de temps par les organismes de formation pourrait se traduire par des parcours de formation plus courts mais réguliers en instaurant des outils de formation à distance.
La montée des formations comportementales
En France, l’objectif premier des formations est de développer les compétences techniques des salariés. Mais les formations « soft skills » progressent pour permettre le développement de la satisfaction au travail et réduire le turn-over. Dans le top 3 de ces formations on retrouve : le travail en équipe, les compétences émotionnelles et relationnelles et la gestion du temps.
Une tendance confirmée au niveau mondial avec dans le top 3 : le leadership et le management, la résolution des problèmes et le creative thinking et enfin la communication.
Les défis des responsables de formation
La réforme de la formation professionnelle en France, a fait naître la nécessité d’instaurer une politique CPF et de responsabiliser les salariés quant à leurs besoins en formation. Seulement 50% des salariés ont utilisé leurs droits à formation en 2019 alors que 76% des employeurs ont communiqué sur le sujet pour les encourager à se former.
Les autres priorités se concentre sur la transformation des modes de formation : 39% souhaitent développer la formation internet, 28% développer la formation à distance et 27 % développer la formation en situation de travail.
Au niveau international, le premier des défis est de mobiliser les managers pour rendre la formation prioritaire pour leurs équipes, créer une culture de l’apprentissage et augmenter la participation des employés dans l’apprentissage.
En conclusion, si le paysage de la formation professionnelle français a connu un grand bouleversement en 2019 avec la réforme de la formation professionnelle, on note des enjeux similaires pour les responsables de formation à travers le monde :
Faire de la formation un enjeu de premier plan pour les dirigeants
Développer de nouvelles formes de formation pour répondre aux contraintes de temps et de budget
La recherche et la mesure du retour sur investissement des formations engagées
Engager davantage les managers et les salariés dans le processus de formation
Au niveau national, les organismes de formation, les OPCO, les entreprises et les salariés sont amenés à se réinventer pour proposer des modalités de formation (financement, co-financement, blended learning, AFEST,...), qui permettront à chacun de continuer à se former régulièrement pour mieux rebondir après la période de crise que nous traversons.
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